Dans un précédent conseil technique, j'ai mentionné la seconde la plus longue du monde,
celle du départ du coup, durant laquelle le corps doit être absolument immobile.
Au stand, on constate très souvent que de nombreux collègues réagissent immédiatement
après le départ du coup, actionnent le rameneur de cible ou se précipitent sur la
longue-vue même avant que la détonation se soit dissipée. Pourquoi cette réaction
intempestive après l'extrême concentration qui précède le coup? Pour bien des tireurs,
cette concentration est si intense qu'elle se volatilise totalement et instantanément
après le lâcher du coup et le tireur veut se rendre compte du résultat au plus vite
pour trouver confirmation de son savoir-faire. Or; nous ne sommes pas à la chasse au
lapin qui pourrait encore se sauver. L'impact est inamovible sur le visuel et peut
attendre son évaluation sans hâte.
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Cette dissipation abrupte de la concentration après le départ du coup est dangereuse,
car; en compétition, elle peut intervenir avant la libération du chien. Le tireur
se concentre sur le lâcher du coup et j'ai indiqué la dernière fois quel , était
le temps mis par la balle pour quitter le canon.
Un conseil: entraîne-toi à maintenir sciemment l'arme en place après le coup!
Il est certain que tous les tireurs ne se rendent pas compte de l'importance du
maintien après coup, sinon ils ne confondraient pas si souvent le maintien du coup
avec celui de la visée. Quel est le procédé de ce facteur important de la technique
de tir?
Après le départ du coup, le tireur chevronné maintient sa position de tir et de
pointage pendant quelque temps sans bouger; mais ne demeure pas inactif.
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Pour ma part, je maintiens ma position 2 à 3 secondes, pendant lesquelles je procède
comme suit:
1. | Le coup part, je maintiens toute la pression sur la détente, que je continue à
tirer avec douceur comme auparavant. |
2. | Mon bras reste tendu et l'arme, qui a été relevée par le recul, est maintenue
en direction de la cible. |
3. | J'inspire profondément et reconsidère encore une fois l'image de visée correcte
en expirant, telle qu'elle devrait être avant le départ du coup. |
4. | Puis je relâche la pression du doigt sur la détente. |
5. | C'est seulement maintenant que j'abaisse le bras lorsqu'il s'agit d'un tir coup
par coup, ou je recommence à préparer le prochain coup au feu de série. |
Déshabituons-nous donc de détourner l'oeil de la ligne de mire immédiatement ou même
pendant le départ du coup. Le routinier suppute d'abord le résultat, pour vérifier
ensuite son pronostic en toute tranquillité.
Hans von Känel, Directeur ESTP
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